Petit conte de Noël

Nina regardait vers le ciel en respirant profondément. Ces instants de la journée étaient ceux qu’elle préférait, lorsque les étoiles commençaient doucement à scintiller. « Les unes après les autres » se disait-elle, comme si elle arrivait à les compter. L’une d’elle lui parut plus claire, plus saillante. Elle brillait plus intensément, juste au-dessus de sa tête. Elle se mit à faire quelques pas dans la neige puis s’arrêta, et leva à nouveau les yeux. L’étoile l’avait suivie. Comme une amie. Elle la sentait presque se refléter dans son regard et éclairer son visage. La brise fraiche du soir l’emplissait. Elle décida ce soir-là que cette lumière particulière serait la sienne. Bientôt, elle lui trouverait un prénom.

Sur la route qui la ramenait chez elle, elle continua de vérifier si l’astre la suivait toujours. De temps à autre, elle levait le visage pour s’assurer que la lumière la suivait bien. Dans le vent froid qui lui caressait les joues, elle sentit son cœur se réchauffer à l’idée que l’étoile puisse devenir vraiment la sienne. 
Les lumières au loin commençaient à scintiller. La magie de Noël se déployait au fur et à mesure qu’elle avançait. Un peu plus loin, devant un réverbère, elle aperçut une voiture recouverte de neige. Elle s’approcha et traça avec son doigt l’étoile qu’elle avait aperçue. Les lignes se dessinèrent en transparence sur la vitre. La lumière était allumée à l’intérieur, c’était comme si l’astre s’y était logé.

Elle entendit une voix qui l’appelait : « Nina ! ». C’était Eole. Il vivait depuis toujours en face de chez elle. La lune venait de percer le ciel. Les lumières semblaient faire respirer les sapins qui clignotaient le long des chemins. Eole s’approcha d’elle. Nina lui raconta l’histoire de l’étoile. « Je vais lui trouver un nom » annonça-t-elle à son ami. À cet instant, un oiseau passa juste devant eux. Puis un autre suivi d’une nuée qui s’étira vers le ciel. Ce sont des Sittelles lui appris Eole. Elles ne sont là qu’en hiver. On dit que leur mouvement indique la direction de l’espoir. Nina fixa un instant son ami :
« Sittelle. C’est le prénom que je donnerai à mon étoile ».

Ce soir-là, lorsque Nina rentra chez elle, elle repensa à Sittelle. Allongée sur son lit, elle eut le sentiment que l’air qu’elle avait respiré dehors allégeait tout son être. Elle se demanda dans quelle direction son espoir à elle pouvait bien se situer. Un jour, quand elle serait grande, elle déambulerait sur ces mêmes chemins mais sur une autre neige. Elle volerait de ses propres ailes comme les oiseaux qui avaient traversé le ciel devant eux. Elle se dirigerait vers ce qu’elle aime, elle prendrait le temps de regarder la nature comme elle l’avait toujours fait. Elle décida à cet instant de ne rien perdre de ce qui l’avait émerveillée pendant sa marche. Son étoile continuerait de briller et de l’accompagner. Un jour, elle marcherait sur les traces de ces pas, dans ses empreintes, sans oublier ce mouvement en elle qui avait fait naitre l’espoir.